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Laetrile (laétrile orthographié à la française)[1] est un mot créé à partir des premières lettres de « laevorotatory » (lévogyre) et des dernières lettres de « mandélonitrile » et décrit une forme semi-synthétique de l'amygdaline.

L'amygdaline tire son nom du grec amygdalis (amygdale), sa formule moléculaire est C20H27NO11 et son nom systématique (2R)-{[6-O-(β-D-Glucopyranosyl)-β-D-glucopyranosyl]oxy}(phenyl)acetonitrile; phenylacetonitrile est synonyme de Mandelonitril. Il est souvent appelé, à tors, Vitamine B 17. L'amydaline désigne un cyanogène, un glycoside végétal, qui, en présence d'eau, produit de l'acide cyanhydrique (aussi appelé acide prussique) (HCN[2]. Dans sa forme pure, c'est une substance incolore et cristalline. L'amygdaline est un composé qui peut être isolé à partir des noyaux de nombreux fruits, tels que les pêches, les amandes amères et les abricots. Le laetrile et l'amygdaline ont une composante structurelle commune, le mandélonitrile, qui contient du cyanure. Son utilisation est dangereuse et strictement rêglementée pour protéger les professionnels qui l'utilisent, surtout si ce sont des jeunes: "Travaux interdits aux jeunes de moins de 18 ans, sauf pour les besoins de leur formation "[3].

Utilisation de l'amygdaline en tant que remède anti-cancer

 
Noyaux d'abricots

L'amygdaline est parfois employée dans la médecine alternative en tant qu'éventuelle panacée contre le cancer et ces produits sont promus avec de la publicité mettant en avant des promesses de guérison intenables et mis sur le marché commercial bien qu'il n'y ait aucune autorisation de mise sur le marché de l'amygdaline en tant que médicament. Les prix vont jusqu'à 25 € / kg. Au lieu de elle relève en tant que denrée alimentaire du Code de la consommation qui interdit une publicité concernant la santé, Article L121-1-1[4]. Les pharmacologues tiennent la pseudo-vitamine B17 pour un "remède miracle douteux". L'amygdaline est considérée en Allemagne comme une substance active médicamenteuse inquiètante. La fabrication, l'importation et le commerce ne sont pas autorisés. La délivrance d'amygdaline pour l'usage humain par le pharmacien est punissable selon le §5 de la loi sur les produits pharmaceutiques et peut, même sans cas de dommage concret, être poursuivie pénalement.

Certains utilisateurs de l'amygdaline complètent leur traitement par l'addition de DMSO (diméthylsulfoxyde).

Mécanisme d'action

 
L'amygdaline se décompose en glucose, en benzaldéhyde [5] et en acide cyanhydrique (Cyanwasserstoff en allemand)

L'amygdaline est décomposé par l'enzyme glucuronidase en benzaldéhyde, en cyanure (acide cyanhydrique) et en glucose (dextrose). Il est démontré que l'enzyme β-glucuronidase est présente dans le corps humain dans les cellules tumorales en très petites quantités, cependant cette enzyme est présente de même dans les cellules saines du corps et est produite par les bactéries dans l'intestin. Par conséquent, on ne peut pas supposer que la substance amygdaline nuise aux cellules cancéreuses sélectivement sans endommager les autres cellules saines. Le cyanure (acide cyanhydrique) libéré de la manière indiquée est très toxique car il bloque la respiration cellulaire. Il s'agit de suffocation au niveau cellulaire. La détoxification du cyanure a lieu normalement au moyen de l'enzyme rhodanese, grâce auquel le cyanure est converti en thiocyanate moins nuisible. Le Rhodanese se trouve de la même façon dans les cellules saines du corps, mais aussi dans les cellules tumorales. Etant donné que l'amygdaline, à cause de la grande concentration en Glukuronidase[6] dans l'intestin, doit être prise seulement en petites quantités (danger d'intoxication aïgue), la voie orale (par la bouche) est problématique. De grandes quantités d'amygdaline doivent être prises pour atteindre dans le sang et dans les tissus une grande concentration d'amygdaline. Par conséquent, dans le cadre d'essais cliniques, dans le passé, très souvent l'amygdaline a été injectée et ainsi été évité le passage au travers du tube digestif.

Tous les essais cliniques sur l'utilisation de l'amygdaline ont démontré l'inefficacité de celle-ci sur le cancer. .[7][8]

Il existe un risque d'intoxication mortelle par le cyanure. Plusieurs enfants sont morts ou ont souffert d'une intoxication potentiellement mortelle après avoir pris des comprimés de B17 parce que les parents croyaient en l'innocuité de comprimés de soi-disantes vitamines.

La dose létale minimale pour un adulte de 60 kg de poids corporel est de 0,57 mg / kg, ce qui correspond à environ 40 noyaux d'abricot.[9]. Compte-tenu de la teneur en acide cyanhydrique, au vu de la valeur la plus basse du taux de métabolisme (taux de désintoxication) pour l'acide cyanhydrique qui est de 0, 1 mg / kg / h, il en ressort le résultat suivant: un adulte peut ainsi détoxifier, par le métabolisme, 6,0 mg par heure d'acide cyanhydrique, ce qui correspond à un taux de consommation de l'ordre de 7 noyaux par heure.[10]

Présence dans les denrées alimentaires

L'amygdaline, la prunasine et autres cyanogènes (les dérivés de l'acide cyanhydrique, dit aussi acide prussique), les glycosides (linamarine, lotaustraline (lin, légumes secs, manioc, etc), dhurrine (millet), Taxiphyllin (pousses de bambou), Sambunigrin (sureau) et plus de 70 autres) se trouvent en quantités importantes dans des aliments non transformés (supérieur à 0,02% en substances liées à l'acide cyanhydrique[11]). Grâce à des méthodes de transformation traditionnelles, la teneur en acide cyanhydrique est réduit à une concentration sans danger.

Les plus fortes concentrations d'acide cyanhydrique se trouvent dans les fruits de certains rosacées, en particulier les amandes amères et les amandes d'abricot. Ainsi, les noyaux d'abricot contiennent jusqu'à 8% d'amygdaline[12], correspondant à environ 0,4% de substances liées à l'acide cyanhydrique, les amandes amères jusqu'à 5% (0,3% d'acide cyanhydrique)[13].

Par les partisans de la pseudo vitamine B17 sont souvent mentionnés d'autres denrées alimentaires, mais qui contiennent soit que des quantités négligeables de glycosides cyanogènes (mûres, fraises, haricots verts, petits pois), ou pour qui l'acide cyanhydrique est en grande partie éliminé par les méthodes traditionnelles de préparation des aliments (manioc/tapioca, igname, haricots de Lima).

La dose mortelle chez l'homme est d'environ 0,7 mg / kg de poids corporel ou d'une amande amère par kg de poids corporel. Toutefois sont considérés comme sans danger 5 microgrammes / kg de poids corporel, car ils ne sont jamais dépassés dans la nourriture habituelle, d'autant plus que ceux contenant le plus de produits liés à l'acide cyanhydrique ne sont jamais consomés crus aussi chez nous.

Wichtige cyanogene Nahrungspflanzen (Les plus importantes plantes comestibles cyanogènes), nach (selon) [14]
Cyanogenes Glykosid Gehalt/teneur (mg HCN/kg Nahrungsmittel) Nahrungsmittel (denrée alimentaire)
Amygdalin 2,5 - 5 Bittermandel-, Pfirsich- und Aprikosenkerne/amande amère, noyaux de pêche, d'abricot
Amygdalin <1 Pflaumen-, Birnen- und Apfelkerne/noyaux de prune, de cerise, pépin de pomme
Prunasin 1,0 - 1,5 Kirschlorbeer/laurier-cerise
Linamarin 0,3 - 2,5 Maniok-knollen/tubercules de manioc
Linamarin bis 8 Bambussprossen (unreif)/pousses de bambou (vertes)
Linamarin bis 3 Lima-bohnen/haricots de Lima
Linamarin bis 0,5 Leinsamen/graines de lin
Dhurrin 0,3 - 2,5 Sorghum-Hirse/sorgo-millet
Sambunigrin 1 Holunder, Apfelkerne/sureau, pépins de pomme


L'utilisation du Laetrile pour des traitements alternatifs contre le cancer est devenue populaire dans les années 1970, voir l'historique ici[15].

Une étude a été dirigée sur 179 patients ayant un cancer intraitable et des lésions mesurables qui ont été traités avec du Laetrile. Comme il était de coutume à l'époque, ils reçurent aussi des vitamines et des enzymes pancréatiques. Seul un patient réunissait les critères d'une réaction partielle au traitement, 90% des sujets virent une progression de la maladie dans les 3 mois. La durée de vie moyenne n'était que de 4.8 mois[16].

"Il y a un risque considérable d'effets indésirables graves dus à un empoisonnement au cyanure après une utilisation de laetrile ou d'amygdaline, en particulier après une ingestion. Le rapport bénéfices-risques du laetrile ou de l'amygdaline comme traitement contre le cancer est donc clairement négatif"[17].

Liens externes

  • http://www.johnweisnagelmd.com/tortducharlat..html Voir la triste histoire d'une propriétaire d'un magasin de produits de santé (health foods) atteinte d'un cancer du sein, qui après avoir mis en pratique tout ce qu'elle conseillait à sa clientèle, se tourne finalement vers le laetrile sans plus de succès et décède. "La partie la plus effrayante de l'histoire est qu'elle est allé à sa tombe croyant encore qu'elle a agit de la bonne façon. Son mari, qui m'a conté les détails de cette tragédie, lui aussi a continué à croire à la valeur de la diète curative. Il a dit qu'il sait où elle s'est trompé, et que s'il ferait du cancer, il utiliserait le même traitement diététique correctement. Il continua à s'occuper du magasin d'aliments 'de santé', à référer des patients à l'herboriste, et prêcher les bienfaits du laetrile.".

Références

  1. http://fr.wikipedia.org/wiki/La%C3%A9trile
  2. http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/9af8853be39c1534d89451f4ff970cbb.pdf Voir les "Propriétés physico-chimiques de l’HCN d'intérêt" qui sont ici décrits "pour la prise en charge" en cas d'intoxication par de l'acide cyanhydride
  3. http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Acide-cyanhydrique-ou-Cyanure-d.html
  4. http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idArticle=LEGIARTI000019293636&idSectionTA=LEGISCTA000018048139&cidTexte=LEGITEXT000006069565&dateTexte=20130224 Article L121-1-1. Sont réputées trompeuses au sens de l'article L. 121-1 les pratiques commerciales qui ont pour objet [...] 16° D'affirmer faussement qu'un produit ou une prestation de services est de nature à guérir des maladies, des dysfonctionnements ou des malformations ;
  5. http://fr.wikipedia.org/wiki/Benzald%C3%A9hyde
  6. http://fr.wikipedia.org/wiki/Glucuronidase
  7. Moertel, C.G., et al. (1982): A clinical trial of amygdalin (Laetrile) in the treatment of human cancer. In: N. Engl. J. Med. Bd. 306, S. 201-206. PMID 7033783
  8. Milazzo, S. et al. (Jun 2007): Laetrile for cancer: a systematic review of the clinical evidence. In: Supportive Care in Cancer. Bd. 15, S. 583-595.
  9. Lindner, E. (1990). Toxikologie der Nahrungsmittel
  10. Kaschuba WA, Bayerisches Landesamt für Gesundheit und Lebensmittelsicherheit
  11. http://www.uni-jena.de/img/unijena_/faculties/bio_pharm/ieu/ls_lmc/10.0_Obst_Gemuese_1.Teil.doc
  12. http://www.giftpflanzen.com/prunoidae.html (allemand)
  13. http://www.giftpflanzen.com/prunus_dulcis.html (allemand)
  14. H. Marquardt und S.G. Schäfer, Lehrbuch der Toxikologie, Mannheim 1994, BI Wissenschaftsverlag
  15. http://www.johnweisnagelmd.com/laetrile.htm
  16. http://www.charlatans.info/cancer.shtml
  17. * http://cochrane.fr/index.php?option=com_k2&view=item&id=1305&recherche=laetrile&Itemid=537


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