Électrosmog

Propagande électrosmog typique des adversaires des téléphones mobiles (Image: Le "Truther" US et antisémite David Dees)
Proposition de vêtements de protection contre les ondes de radiotélégraphie de l'année 1911 [1]

Électrosmog ou pollution électromagnétique sont des appellations non scientifiques utilisées par certains groupes de personnes pour qualifier la présence de champs électro-magnétiques créés artificiellement par l'activité humaine qu'ils supposent avoir en général et globalement des effets néfastes sur les êtres humains et les êtres vivants même à de faibles intensités de champs. Il s'agit là tacitement de la bande de fréquence allant des ondes longues (quelques hertz) jusqu'aux micro-ondes qu'on peut qualifier d'ondes-radio; le domaine se rapporte exclusivement au rayonnement non-ionisant. L'appellation scientifique pour de possibles interactions entre les champs électromagnétiques (CEM) (anglais: Electromagnetic field/EMF)[2] et les structures biologiques est en allemand elektromagnetische Umweltverträglichkeit (EMVU), qu'on pourrait traduire en français par "impact environnemental électromagnétique". Celui-ci est l'objet de la recherche actuelle. Jusqu'à aujourd'hui, les effets pathogènes des EMF (champs électromagnétiques) athermiques n'ont pas été démontrés de manière fiable malgré une recherche intensive. Le terme «smog» est un mot inventé, physiquement imprécis, composé du mot anglais «smoke» pour fumée et de «fog» pour brouillard, qui mettrait en évidence le facteur polluant des champs créés artificiellement. Dans le milieu des soi-disant géobiologues s'est implanté le terme «électrobiologie».

Une partie des effets supposés de l'électrosmog dans le domaine athermique laisse à penser qu'ils proviendraient de l'effet nocebo.

Les craintes d'éventuels effets nocifs des champs électromagnétiques ne sont pas nouveaux. Déjà en 1911 il a été émis l'hypothèse que les ondes radio pourraient être responsables de toutes sortes de maux allant jusqu'à la cécité, l'édentation et la démence [3].

Les champs électromagnétiques exclus du discours

Curieusement, sont exclues par définition dans les discussions au sujet de la pollution électromagnétique certaines gammes de fréquences, autrement dit certaines formes de rayonnement électromagnétique, bien qu'elles soient facilement mesurables en raison du même phénomène physique (photons) et d'une forte intensité et puissent manifestement avoir des effets importants sur l'homme. À titre d'exemples, mentionnons ici seulement les coups de soleil et les tumeurs de la peau induites par la lumière et les rayons ultraviolets qui sont dus aux effets de la lumière du soleil. En général, dans le contexte de l'électrosmog et de l'hypersensibilité, les effets possibles d'un rayonnement électromagnétique provenant de sources naturelles (soleil, Sferics) sont jugés différemment que les autres sources créées par l'activité humaine (radio, téléphonie mobile).

Les sources de rayonnement électromagnétique d'origine naturelle ou issues de méthodes thérapeutiques sont par exemple:

  • La lumière en général.
  • Le rayonnement thermique. L'être humain adulte génère en permanence par rayonnement thermique une densité de rayonnement de 30 W/m2 dans le domaine infrarouge (dans la plage du terahertz).
  • Sferics (champs électromagnétiques concomitants aux orages [4]). Voir aussi Résonances de Schumann.
  • Les EMF des appareils de thérapie par champ magnétique fonctionnant à l'électricité. (voir l'article allemand "Thérapie par champ magnétique" [5])

Paradoxalement, dans le contexte de l'électrosmog, il est souvent attribué un effet global positif à la lumière, mais aussi aux rayonnements thermiques ainsi qu'aux thérapies par champ magnétique.

Les effets des champs électromagnétiques

En ce qui concerne les rayonnements électromagnétiques, il faut différencier les rayonnements non-ionisants tels que les ondes radio ou les ondes lumineuses des rayonnements ionisants tels que les rayons x et les rayons gamma. Contrairement aux rayonnements ionisants, le rayonnement non-ionisant n'a pas d'énergie suffisante pour modifier et en particulier, pour ioniser des constituants élémentaires tels que les molécules ou les atomes. Les effets potentiels des EMF faibles à intenses sur les humains et l'environnement ont longtemps été un sujet de recherche et au cours des 30 dernières années, environ 25 000 articles scientifiques ont été publiés (en 2017) sur les effets biologiques et les applications médicales des rayonnements non ionisants ainsi que d'innombrables publications de vulgarisation et journalistiques. Par ailleurs, il y a un grand nombre de livres et d'articles pseudo-scientifiques ou non scientifiques de profanes en la matière.

On différencie scientifiquement deux sortes d'interactions entre les EMF et les humains:

  • Les effets thermiques
  • Les effets athermiques

L'expression «effets thermiques» ne décrit pas les effets stochastiques (non alléatoires, déterminés) en raison de la production de chaleur des parties du corps irradiées (pertes diélectriques). Ici, cela peut causer des dommages permanents chez l'homme et jusqu'à la mort si la température monte à plus de 40 ° Celsius. On peut mentionner ici, à titre d'exemple, des techniciens-radar qui se sont brûlés ou sont morts en raison d'une erreur sur des systèmes radar de haute puissance (impulsions dans le domaine des mégawatts). Lorsque les champs sont éteints, l'effet nuisible cesse brusquement. Des limites et des zones de protection ont donc été introduites pour protéger les personnes et l'environnement.

L'expression «effets athermiques» concerne les champs électromagnétiques faibles qui n'induisent pas d'effets thermiques et qui ne provoquent pas de dommages ou de variations complètement imprévisibles, pour lesquels sont souvent supposés des effets ultérieurs à long terme, ce qui est une autre caractéristique distinctive par rapport aux effets thermiques. Il n'y a actuellement aucun mode d'action généralement accepté sur lequel on pourrait se baser pour prouver scientifiquement des dommages à la santé causés par les rayonnements électromagnétiques non-ionisants faibles. Ainsi, des rapports individuels sur les effets mutagènes de la téléphonie mobile se sont révélés être faux (falsifications de données). Il est discuté d'un effet athermique sur la synthèse et la libération de la mélatonine (la mélatonine est une hormone). Les rapports sur l'impact des champs électromagnétiques intensifs sur l'EEG humain sont contradictoires. Par ailleurs, il est discuté d'un impact possible des sférics naturels sur les [personnes] météo-sensibles.

Il existe une pléthore de fabriquants et/ou de vendeurs de prétendus dispositifs de protection contre les ondes électromagnétiques (la pollution électromagnétique) par exemple Rayonex, Memon France, ATOX Systemtechnik GmbH etc.[6]

Communiqué de presse de L'Académie de médecine "Electrosensibilité"[7] (5 mai 2014)

L’Académie de médecine désapprouve le financement public de dispositifs « anti-ondes ».

Le Conseil Général de l’Essonne vient d’accorder une aide financière à une personne électrosensible, à qui le statut de maladie professionnelle avait été refusé, pour lui permettre d’acquérir des dispositifs « anti-ondes » supposés l’aider à surmonter son « handicap »…

L’Académie de médecine s’interroge sur la pertinence de cette décision et considère qu’il est de son devoir d’alerter l’opinion publique et les décideurs à tous les niveaux sur le risque d’encourager des pratiques inutiles et coûteuses et de cautionner officiellement un commerce ayant pour objet de vendre des dispositifs destinés à protéger des ondes de radiofréquence dont l’innocuité dans les conditions règlementaires de leur utilisation est reconnue par la communauté scientifique.

L’Académie s’étonne qu’une telle pratique soit financée sur des fonds publics, parce que :

- légitimer de la sorte ces dispositifs anti-ondes revient à conforter une croyance dans la réalité de l’effet des ondes sur l’organisme, alors que, d’une part nous ne disposons physiologiquement d’aucun système sensoriel sensible à ces ondes et que, d’autre part, plus de 40 études en aveugle à travers le monde ont démontré que les personnes électrosensibles incriminent les ondes sans savoir faire la différence entre un émetteur de radiofréquences éteint ou allumé [8] [9];

- aucune étude sérieuse ne confirme l’efficacité des dispositifs anti-ondes sur la santé, sinon des arguments d’autorité comme des articles de vulgarisation sur les rayonnements des téléphones mobiles, voire des constats d’huissier sans la moindre valeur scientifique, mais susceptibles cependant d’impressionner par leur caractère « officiel » ;

- aucune réglementation n’empêche d’habiles commerçants de se lancer sur ce marché, d’autant plus florissant qu’il est alimenté par une inquiétude largement distillée dans les médias et que ces produits s’adressent à des personnes particulièrement fragiles ;

- ces dispositifs sont en principe interdits de publicité puisque, en application des articles L. 5122-15, L. 5422-12, L. 5422-14 et R. 5122-23 à R. 5122-26 du code de la santé publique, « la publicité pour un objet, appareil ou méthode présenté comme bénéfique pour la santé est interdite lorsqu’il n’est pas établi que ledit objet, appareil ou méthode possède les propriétés annoncées ».

L’Académie déplore que le battage médiatique mené autour d’une décision administrative isolée, scientifiquement infondée et médicalement contre-productive, n’accentue encore les troubles de ces personnes et ne suscite la survenue d’autres cas.

L’ Académie regrette le détournement des personnes électrosensibles des circuits de prise en charge médicale. Elle rappelle que les 12 sites dédiés créés dans des hôpitaux, sur tout le territoire, sont boycottés à l’appel d’associations qui voudraient que la France reconnaisse l’électrosensibilité comme un handicap dû aux ondes. Ces associations s’appuient sur l’exemple de la Suède, en « oubliant » de préciser que ce pays a aussi officiellement déclaré s’associer à la communauté scientifique internationale pour considérer que ce handicap n’est pas lié à l’effet des champs électromagnétiques. Les sujets se considérant électrosensibles éprouvent une réelle souffrance ; cet état peut entraîner un lourd handicap, qui doit être pris en charge comme une affection à part entière, sans tromperie sur son origine et non en arguant d’une sensibilité aux ondes dont le traitement relèverait de « dispositifs anti-ondes » ou de « zones blanches ».

L’Académie met en garde contre des allégations inexactes sous le couvert d’un « débat scientifique » qui n’a pas lieu d’être puisque le consensus sur ce point est largement acquis avec la totalité des instances scientifiques mondiales, européennes ou nationales (Organisation mondiale de la santé, « Scientific commitee on emergent and newly identified health risks », Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail). Les Académies (médecine, sciences, technologies) ont pris position sur cette question à plusieurs reprises [10] [11][12] et continueront à lutter dans l’intérêt de malades qu’il convient de soigner.

L’ Académie s’inquiète de l’absence de réaction des autorités face à une mesure qui malgré ses apparences compassionnelles reste une tromperie envers les électrosensibles. Favoriser le commerce des dispositifs anti-ondes, c’est duper des personnes fragiles sur la foi de fausses allégations et de références pseudo-scientifiques, comme le rapport Bioinitiative, dont le principal auteur, Cindy Sage, propose de tels dispositifs sur internet [13].

L’Académie estime qu’un pas de trop a été franchi dans le déni scientifique et l’erreur médicale, et qu’il est urgent de protéger les consommateurs, en particulier en matière de santé, contre l’expansion incontrôlée de thérapies douteuses.

Liens externes

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Références