Ostéopathie
L' ostéopathie est un concept pseudo-médical qui est apparu au 19e siècle aux États-Unis. Il y a quelques similitudes avec la chiropractie, mais l'ostéopathie affirme également être efficasse pour les troubles métaboliques et autres maladies banales et pas seulement pour les troubles de l'appareil locomoteur.
Contenu de l'ostéopathie
La médecine ostéopathique se propose de diagnostiquer et de traiter, par la main, les dysfonctions (prétendues ou réelles) de la micromobilité des tissus du corps (os, articulations, organes internes) qui entraînent des troubles fonctionnels pouvant perturber l'état de santé. Sont employées les techniques suivantes :
- Techniques de mobilisation musculaire : Les dysfonctions articulaires de la colonne vertébrale et des extrêmités sont traitées avec certains gestes ou les résultats de mouvements ayant pour but de décrisper les muscles péri-articulaires. A cet effet sont utilisés mobilisations rythmiques, ajustements articulaires brefs (avec quelquefois un petit craquement), étirements musculaires, points réflexes.
- Techniques myofasciale[1]: Comme le muscle est recouvert de fascias, ceux-ci sont traités de manière à obtenir un avantage thérapeutique. On utilise un geste manuel combinant écoute du tissu et action adaptée en continu afin d'obtenir un relâchement du tissu myofascial. Ceci est accompli en cherchant à relâcher les muscles contactés, à optimiser la circulation sanguine et le drainage lymphatique ainsi qu'en sollicitant le réflexe myotatique musculaire et les fascias les recouvrant.
- Techniques viscérales : Cette branche de l'ostéopathie concerne les organes internes ou viscères (foie, estomac, intestins, poumons..) et les membranes (fascias) qui enveloppent tous les muscles et viscères du corps humain. On l'appelle "ostéopathie fonctionnelle" par opposition à l'ostéopathie structurelle qui s'intéresse au squelette et aux muscles. On va donc chercher à libérer les moyens de suspension du viscère et à lui redonner une mobilité satisfaisante car une restriction de mobilité d’un viscère serait responsable de tension de structures ayant un lien avec ce viscère (lien anatomique, neurologique, vasculaire,..).
- Techniques crânio-sacrées : Il est postulé que, chez l'adulte, les os du crâne sont mobiles les uns par rapport aux autres. Il est postulé également un certain rythme de ce mouvement, à savoir, les fluctuations de pression dans le liquide céphalo-rachidien qui entoure le cerveau.
L'ostéopathie aux USA et en Europe
Andrew Taylor Still
Les concepts sous-jacents de la médecine ostéopathique proviennent du médecin et chirurgien américain Andrew Taylor Still (Août 6, 1828 à 12 Décembre, 1917) qui a fondé la première école de médecine ostéopathique en 1892 à Kirksville (Missouri) après avoir publié ses théories ostéopathiques pour la première fois en 1874. En son temps, la médecine universitaire en était encore à ses balbutiements. Aux États-Unis, prédominaient encore les méthodes de traitement selon la théorie des humeurs du Moyen Age.
Still, de son vivant, avait des avis bien étranges sur l'efficacité de sa méthode. Ainsi, il écrivit dans son autobiographie :
"Secouer un enfant et arrêter la scarlatine, le croup, la diphtérie, et guérir la coqueluche en trois jours par une torsion de son cou."
De tels avis douteux sont cependant, dans l'histoire de la médecine, typiques de l'époque où vivait Still. Apparement, il voyait le monde thérapeutique seulement dans la perspective chirugicale simplifiée et s'expliquait les maladies, d'après la construction de son propre système de pensée, en tant que modifications dans les os et les organes. Il est évident, même pour le profane médical, que ce système limité décrit seulement une petite partie des processus réels dans l'organisme humain. Si une telle approche est cependant poursuivie avec une énergie suffisante, elle est tout à fait apte à fasciner les esprits simples.
Le lien entre le système éducatif et l'utilisation thérapeutique, donc le gain d'argent au moyen des frais de formation pour l'apprentissage de la thérapie de Still, est l'un des piliers sur lesquels repose l'ostéopathie. Avec cette méthode, Still (ainsi que de nombreux autres médecins qui ont établi des systèmes semblables) est parvenu à réunir suffisamment de moyens financiers pour répendre plus avant son système. C'est arrivé du fait qu'en arrière plan il n'y avait pas aux USA historiquement de formation universitaire médicale uniformisée, de Médecine académique comme elle est aujourd'hui par exemple disponible dans la plupart des pays de l'UE. Au contraire, il y a, en outre, dans certains états fédéraux la possibilité d'effectuer une formation pleinement valable dans des institutions naturopathique. Ensuite, vous pouvez vous qualifier de médecin naturopathe et exercer professionnellement. Selon Guglielmo (1998)[2], de telles études sont actuellement possibles dans 19 établissements d'enseignement supérieur aux États-Unis (Collèges). Peut-être qu'entrera aussi en vigueur dans les prochaines années une dégradation similaire de la formation médicale académique dans l'UE en raison des tendances d'uniformisation au niveau européen. En tout, aux USA, travaillent actuellement environ 44.000 ostéopathes[3].
Formation d'un «ostéopathe médical» aux États-Unis
On obtient l'accès à une école d'enseignement ostéopathique, si on a exercé une activité professionnelle pendant 3 ans. L'admission présuppose (sous-entend) une formation scolaire initiale d'un niveau moindre que celui qui serait nécessaire pour une filière universitaire conventionnelle de médecine académique. Ceci se manifeste également par des résultats aux tests nettement moins bons. Ainsi, la moyenne (Grade Point Average = GPA[4]) et les résultats au Medical College Admission Test (MCAT)[5] des étudiants en ostéopathie sont généralement nettement inférieurs aux valeurs qui sont atteintes par les étudiants en médecine (Ross-Lee und Wood 1995, Doxey und Phillips 1997). Le nombre moyen du personnel enseignant actif à plein temps dans les établissements d'enseignement de l'ostéopathie est juste de 10% par rapport au personnel enseignant des universités (Ross-Lee und Wood 1995). De plus les institutions ostéopathiques font à peine de la recherche et certaines ont des problèmes pour mettre à disposition du personnel enseignant assez formé (Jones 1999). Il est donc clairement indéniable que la formation et le niveau du personnel ostéopathique sont dès le début plus faible que ceux des personnes qui deviennent plus tard médecins académiques.
Un exemple de victime de l'ostéopathie
Histoire clinique d'Anaëlle
Anaëlle est une jeune fille qui est amenée par sa maman la 1ère fois en consultation d'orthopédie infantile à l'âge de 14 ans.
Elle est suivie depuis plus d'1 an et traitée par "ostéopathie" pour une scoliose de la jeune fille (dite scoliose idiopathique).
La radiographie de la colonne retrouvait:
une déformation thoraco-lombaire majeure avec un angle de Cobb de 40° (angle de déformation entre les vertèbres qui penchent le plus) !!!!!!!!
En reprenant les anciens documents radiographiques, ont pouvait observer l'aggravation progressive de cette scoliose au fil du temps, c'est-à-dire pendant la phase d'accélération de la vitesse de croissance de l'adolescence.
En conclusion:
non seulement l'"ostéopathie" n'avait eu aucune action pour empêcher l'aggravation de la scoliose (c'est qui n'est pas une surprise), mais l'ostéopathe a regardé passivement cette scoliose augmenter au fil du temps sans aucune réaction, ni bon sens de base consistant à l'envoyer consulter un spécialiste.
Ce jusqu'au boutisme dans l'incompétence est quasi-criminel puisque cette scoliose va nécessiter un traitement par corset plâtré réducteur, puis corset classique, en attendant probablement une intervention chirurgicale.
En effet, le moment de surveillance passive ostéopathique (avec pour la famille illusion de traitement) correspond exactement au moment idéal où cette scoliose aurait pu bénéficié d'un véritable traitement orthopédique médical par corset, évitant ainsi son aggravation et son évolution lente vers une chirurgie.
En matière de scoliose, il n'est pas possible de revenir en arrière, et une fois que l'on est passé à côté du bon moment pour traiter, c'est trop tard.
Le Dr Roger Parot, chirurgien orthopédiste pédiatre, rappelle que la chirurgie du rachis est une chirurgie à risque vital (risque de mourir), mais aussi une chirurgie à risque fonctionnel neurologique (risque d'être paralysé).
N'y-a-t-il pas là encore une fois une notion juridique de perte de chance à la base ?...
Liens externes
- ACADEMIE NATIONALE DE MEDECINE Rapport / 5 mars 2013 THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES - acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi - leur place parmi les ressources de soins. Daniel BONTOUX, Daniel COUTURIER, Charles-Joël MENKÈS (membre de l'Académie nationale de Médecine) À la différence de l’acupuncture, produit multimillénaire de toute une civilisation, l’ostéopathie est née de l’imagination d’un américain, inventeur de machines agricoles et passionné d’anatomie, faisant à l’occasion fonction de médecin, Andrew Taylor Still (1828-1917). Déçu par la médecine après la perte de trois enfants par méningite, cet autodidacte avait élaboré une théorie suivant laquelle les remèdes permettant de restaurer la santé se trouvent dans le corps même de chaque individu ; les maladies ne sont que des effets négligeables et tout se tient dans l’impossibilité totale ou partielle des nerfs de diffuser le fluide vital; pour guérir, il faut, avec l’aide de Dieu, ajuster les différentes parties du corps qui se trouvent mal alignées afin de permettre une circulation harmonieuse des fluides. C’est ainsi qu’il dit traiter avec succès non seulement des problèmes vertébraux mais aussi des pneumonies, l’asthme, la constipation chronique en agissant manuellement sur les boucles intestinales qui font obstacle et le mésentère qui redresse la vessie. Le terme ostéopathie vient souligner l’importance du bon alignement des pièces squelettiques et une parfaite connaissance de l’anatomie, tenue pour primordiale pour l’exercice ostéopathique.
La première école d’ostéopathie sera fondée en 1892 et AT Still obtient l’autorisation d’exercer comme médecin dans le Missouri. - Article publié dans POUR LA SCIENCE N° 345 (JUILLET 2006) par Charles-Joël Menkes, membre de l'Académie nationale de Médecine et du groupe de travail chargé de réfléchir au problème de l'ostéopathie, intitulé "Questions Ouvertes" L'Ostéopathie est-elle nuisible? l'efficacité de cette "médecine douce" n'est pas prouvée. En outre, quand elle est pratiquée sans précaution, elle fait encourir des risques aux malades.
- http://www.pseudo-medecines.org/pages/osteopathie-3618266.html
- {http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article577 AFIS Entretien avec le Pr. Louis Auquier]
- http://www.osteo-stop.com/ Site critique du dr Roger Parot, chirurgien orthopédiste pédiatre
- http://www.osteo-temoignage.com/ Association de Défense des victimes de l'"Ostéopathie" (A.D.V.O.):
Témoignages des victimes (ou familles de victimes) de la pratique de l'"Ostéopathie" (cliquer en bas de la page sur l'onglet témoignages) - http://www.charlatans.info/osteopathie-chiropraxie.php
- http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/08/l-osteopathie-cranienne-du-nourrisson-en-question_1556661_3232.html
Références
- ↑ http://fr.wikipedia.org/wiki/Myofascial_release
- ↑ Guglielmo, Wayne J.: Are D.O.s Losing Their Unique Identity?. Medical Economics, April 27, 1998, Vol. 75, No. 8
- ↑ Buchmann J.: What is osteopathic medicine? Dtsch Med Wochenschr. 2003 Jan 24;128(4):159. PMID: 12589588
- ↑ http://www.fulbright-france.org/gene/main.php?uni=3&base=213
- ↑ http://en.wikipedia.org/wiki/Medical_College_Admission_Test (anglais)
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