La Médecine alternative renvoie à des méthodes et des traitements qui ne sont pas fondés sur la science. Des effets bénéfiques leur sont attribués par leurs partisans, mais ceux-ci n'auraient pas été évalués selon eux, alors qu'ils le fassent. Ce travail d'évaluation fera la part des choses entre ce qui peut être intégré dans la médecine et ce qui relève définitivement du charlatanisme. A ce jour, les résultats sont minces[1].

Qu'est une médecine scientifique ?

C’est celle qui est enseignée lors du cursus normal des études médicales. On peut discuter si la médecine est une science ou si elle n’est qu’une technique ou une pratique, mais, en tout cas, la médecine scientifique, c’est la médecine qui s’appuie sur les résultats de la science, c’est la médecine fondée sur les preuves.

On la désigne sous diverses appelations: médecine conventionnelle, médecine officielle, médecine classique, médecine d'école, médecine académique, médecine allopathique, elle est même qualifiée par les partisans des médecines alternatives de médecine chimique[2].

Termes utilisés pour les autres "médecines"

En France, l'expression officielle est "Pratiques Non Conventionnelles A Visées Thérapeutiques (PNCAVT), dans les pays anglophones Complementary and Alternative Medicine (CAM). On trouve les termes de médecine douce, médecine complémentaire, médecine naturelle, médecine écologique[3], ethnomédecine[4], médecine holistique[5], médecine alternative, médecine parallèle, médecine énergétique, médecine quantique[6], médecine ayurvédique[7], médecine anthropsosophique[8], etc.

Il y aurait d'un côté les médecines dites douces ou complémentaires ou traditionnelles (dans le sens de médecines ancestrales) qui proposent un accompagnement de confort ou de bien-être aux patients, physique ou psychique, en complément de la médecine conventionnelle, et de l'autre les "médecines" alternatives qui proposent d'autres méthodes en remplacement des traitements éprouvés et reconnus par la communauté scienfitique et médicale et qui présentent un danger pour les malades, en particulier en cas de maladies graves comme le cancer, le sida, etc. La frontière entre les deux catégories est cependant très floue et le passage de l'une à l'autre à craindre.

Les choix des termes utilisés pour qualifier les diverses médecines

[...] Pour comprendre le retour de l'archaïque, il faut d'abord souligner que les mots utilisés pour parler de la santé et des sectes sont significatifs en eux-mêmes ; à notre insu, le paradigme « New Age » pénètrent nos propres conceptions.

Les termes que nous utilisons ne sont pas neutres et il faut y voir d'abord et avant tout l'expression d'un néolangage sectaire de combat. Je vous renvoie à 1984 de George Orwell, qui décrit un fonctionnement de mécanismes totalitaires immédiatement applicable au fonctionnement de groupes sectaires, en particulier la création d'une langue.

On utilise ainsi les termes de :

- « médecine alternative » ce qui laisse entendre que les méthodes non éprouvées auraient au moins la même valeur que la médecine scientifique ;

- « médecine complémentaire », sous-entendant que la médecine scientifique a besoin d'un complément et qu'elle est donc incomplète ;

- « médecine traditionnelle » : âyurvédique, chinoise, spagirique, druidique, chamanique ou autres, dont l'ancienneté serait une preuve de validité ;

- « médecine naturelle » qui renvoie la croyance rousseauiste de la bonté de la nature, la médecine éprouvée étant artificielle et toxique ;

- « médecine douce » à base de techniques non envahissantes qui laisse croire que l'allopathie serait agressive donc essentiellement dangereuse ;

- « médecine holistique » hypertrophiant le rôle de la psyché quand ce n'est du spirituel, ce qui laisse à penser que la médecine allopathique ne serait que parcellaire ;

- « médecine quantique » - par résonance ou non -, « vitaliste » et autres « médecines énergétiques ».

Parions sur l'arrivée prochaine d'une médecine nano-spirituelle !

Le simple fait d'utiliser ce vocabulaire dans le langage quotidien, sans se poser plus de question, démontre jusqu'où les paradigmes « New Age » ont pu pénétrer nos consciences de façon totalement insidieuse. [...][9]

Il manque une précision au sujet de la « médecine allopathique ». Le mot allopathie a été créé par Samuel Hahnemann, fondateur de l'homéopathie, pour qualifier et critiquer la médecine officielle de l'époque. Par conséquent, les homéopathes (mais aussi les autres partisans des médecines non-conventionnelles) critiquent de même la médecine conventionnelle et la qualifie avec mépris de « médecine allopathique » (qui serait à réserver aux situations d'urgence) pour mettre en avant leur propre approche « holistique ».

Les dangers encourus par les patients se tournant vers les médecines non conventionnelles

Voir les mises en garde de la MIVILUDE[10], et celles de l'UNADFI dans son dossier documentaire sante publié en juin 2010[11]. Les malades atteints des pathologies les plus lourdes, sont des proies faciles pour les "pseudo-thérapeutes" visants surtout leur porte-monnaie, qui leur promettent de les guérir par des méthodes miraculeuses.

Praticien plutôt que médecin pour contourner la loi

Certains médecins reconvertis dans une thérapeutique non conventionnelle n’hésitent pas, pour échapper aux sanctions éventuelles des instances ordinales, à décrocher leur plaque professionnelle ou à demander d’eux-mêmes leur radiation de l’ordre, préférant se positionner face à leur clientèle comme praticien, voire guérisseur.

Mais qu’ils soient anciens médecins ou non, la qualité de « praticien » que certains gourous des médecines alternatives revendiquent n’empêche pas les moins scrupuleux d’entre eux d’agir en toute illégalité, en établissant des diagnostics voire en dressant de pseudos ordonnances. La plupart du temps cependant, les promoteurs de techniques thérapeutiques non validées se protègent des foudres de la loi en affichant leurs bonnes intentions sur les premières pages de leur site : « notre technicité ne remplace pas le diagnostic médical fait par un docteur en médecine, les traitements proposés chez nous viennent en complément de la médecine », des propos rassurants que viennent généralement infirmer quelques pages plus loin des offres de soins aux prétentions curatives, toujours assorties de précautions d’usage.

Légalisation de médecines non basées sur les preuves

C'est sous la gauche Mitterrandienne que la volonté de reconnaître les médecines non-conventionnelles est la plus manifeste. Le président de la République, F. Miterrand était lui-même en faveur d'une ouverture: "je me suis clairement prononcé pour l'ouverture d'un débat sur l'opportunité d'élargir la formation médicale à d'autres techniques dans lesquelles les médecines naturelles peuvent prendre leur place".[12]

Dès 1982, le ministre communiste de la Santé Jack Ralite charge le docteur Niboyer, par ailleurs acupuncteur, de réaliser un étude sur les "techniques de soins ne faisant pas l'objet d'un enseignement au niveau national". Ce travail va déboucher, en 1984, sur un rapport qui conclut "à la nécessité d'organiser un enseignement de l'acupuncture, de l'homéopathie et de la médecine manuelle dans les facultés, donnant lieu à une qualification reconnue par la Sécurité Sociale".[13]

Avant même la conclusion de ce rapport, un diplôme de médecines naturelles, le DUMENAT (Diplôme Universitaire des Médecines Naturelles), va voir le jour, en 1982, à la faculté de Bobigny. Dans le cadre de ce diplôme sont dispensées des formations en acupuncture, homéopathie, mésothérapie, naturopathie, ostéopathie, phytothérapie et aromathérapie. Elles sont ouvertes aux médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, vétérinaires et sages-femmes (Remarque de Psiram: et autres personnes ayant plus ou moins un lien avec les services de santé, avec une grande lattitude d'appréciation ...). Par ailleurs, en 1984, cent onze produits homéopathiques sont intégrés à la liste des médicaments remboursés par l'assurance maladie.

L'année suivante, en 1985, Georgina Dufoix[14], ministre des Affaires Sociales et de la Solidarité, met en place un groupe de travail ministériel car elle souhaite créer une Fondation de la recherche qui réunirait chercheurs, scientifiques, représentants d'associations, de consomateurs, d'usagers de santé, et ce en vue d'une meilleure diffusion des résultats, des études et des recherches sur les médecines parallèles. Ce projet ne verra pas le jour car, en 1986, intervient une alternance politique.

Cette bienveillance d'une partie de la classe politique à l'égard de certaines médecines non conventionnelles n'est pas toujours du goût de l'Académie de médecine qui rappelle qu'il s'agit de médecines "non éprouvées" (n'ayant pas apporté la preuve de leur efficacité). Au cours des années 1980, elle a fait quelques concessions, a reconnu certaines de ces médecines (diététique, phytothérapie et mésothérapie), a été amenée en tolérer d'autres (homéopathie[15], acupuncture), mais a rejeté l'auriculothérapie et l'iridologie. La question qui se pose pour les académiciens est bien le caractère éprouvé de ces médecines[16].

Exemples de médecines alternatives dangereuses

En guise de conclusion

"Quelques semaines après la mort de Steve Jobs (1), Joséphine Briggs présidente actuelle du NCCAM, sans doute touchée par le remords (2), à placé sur son blog un avertissement explicite indiquant que "les approches non prouvées de médecines alternatives ne devraient pas remplacer les approches de soins médicaux conventionnels ...". Et elles ajoute avec une sincérité désarmante: "pour dire les choses clairement, il n'y a pas de preuves".

(1) Steve Jobs (Cofondateur, directeur général et président du conseil d'administration d'Apple Inc), a été diagnostiqué d'une forme rare du cancer du pancréas en octobre 2003. Cette forme appelée "tumeur neuroendocrine pancréatique des ilots de Langerhans" est curable avec un assez bon pronostic si l'intervention chirurgicales est réalisée précocement. En dépit de cela, il a préféré, pendant neuf mois, essayer un régime végétarien, de l'acupuncture, de la phytothérapie, et se confier à un médecin qui, dans sa clinique, conseille un jeûne à base de jus de fruits. Bien qu'une opération ait ensuite été effectuée, les métastases avaient déjà atteint le foie et, malgré une greffe, il est décédé en octobre 2011. Selon le chercheur à Harvard, Amri Ramzi, son choix de traitement alternatif "l'a conduit à une mort inutilement précoce."

(2) Parce que le NCCAM n'avait pas mis en garde contre le danger du recours aux médecines alternatives dans le cas du cancer[17] et [18].

Les pays europées sont-ils prêts à dépenser des sommes considérables pour poursuivre un fantôme qu'en plus de vingt ans le NCCAM n'a Pas réussi à débusquer?

(Note de Psiram: le paragraphe "En guise de conclusion" a été élaboré à l'aide des pages 55-56 d'un article de Jean Brissonnet paru dans la revue de l'AFIS SPS N° 305 de juillet 2013)

Liens externes

Vidéos

Références

  1. Médecines non conventionnelles, douces, parallèles, alternatives ... Par Jean-Paul Krivine. Science ... & pseudo-sciences N°305 - Juillet 2013
  2. http://www.medecine-ecologique.info/?Les-impasses-d-une-medecine Article de Christian Portal (juillet 2006) publié sur le site d'ACECOMED
  3. http://www.medecine-ecologique.info/
  4. http://www.flmne.org/content/form2.php?id_article=20&id2=5&ind2=3&ind3=5
  5. http://www.mednat.fr/MEDECINE-HOLISTIQUE-Bio-energie-et
  6. http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2077
  7. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ayurveda
  8. http://www.medecines-douces.com/impatient/251dec98/medglob.htm La première fois que j’ai ouvert un livre d’anthroposophie, explique le Dr Robert Kempenich, médecin diplômé de cancérologie à Strasbourg, j’étais en première année de médecine. La manière dont alors, il y a près de trente ans, on abordait l’homme à travers les cours d’anatomie, de physiologie, d’embryologie… m’en donnait une vision éclatée et surtout figée. L’ouvrage d’anthroposophie parlait, lui, de l’être vivant, de ce qui l’animait. L’homme fragmenté par la science retrouvait une unité. Ce fut une bouffée d’oxygène qui modifia complètement ma lecture du monde, de l’homme et de la maladie.
  9. http://www.senat.fr/rap/r12-480-2/r12-480-2_mono.html#toc5 Rapport d'information n° 480 (2012-2013) de M. Jacques MÉZARD, fait au nom de la Commission d'enquête Mouvements à caractère sectaire, déposé le 3 avril 2013 Dérives thérapeutiques et dérives sectaires : la santé en danger. Audition de M. Jean-Pierre JOUGLA, coresponsable du diplôme universitaire « Emprise sectaire et processus de vulnérabilité » à la faculté de médecine de l'université Paris V (mardi 6 novembre 2012)
  10. http://blog.univ-provence.fr/gallery/32/La%20Formation%20dans%20le%20Rapport%20de%20la%20Miviludes%202010.pdf Formations et enseignements dans le domaine des médecines non conventionnelles : une marché florissant au risque de dérives sectaires
  11. http://www.unadfi.org/IMG/pdf/Dossier_documentaire_Sante.pdf
  12. F. Steudler, "Médecines parallèles: la valse hésitation. Vers la reconnaissance ou l'assimilation?", Prospective et santé, 1988, n° 47-48, p. 172.
  13. P. Elzière, "Des médecines dites naturelles", Sciences sociale et Santé, 1986, vol. IV, n° 2, p. 69.
  14. http://fr.wikipedia.org/wiki/Georgina_Dufoix
  15. http://www.academie-medecine.fr/publication100035253/ Bull. Acad. Natle Méd., 2004, Faut-il continuer à rembourser les préparations homéopathiques ? Par Maurice GUÉNIOT (2004)
  16. Médecines parallèles et cancer: Une étude sociologique. Par Anne-Cécile Begot. Pages 40-42
  17. http://www.sciencebasedmedicine.org/foolishness-or-fraud-bogus-science-at-nccam/ (anglais). Pour une traduction google de l'article de www.sciencebasedmedecine.org, faire un recherche google sur l'adresse indiquée et opter pour "Traduire cette page"
  18. http://nccam.nih.gov/about/offices/od/2011-10.htm (anglais)